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Pratiques éco-reponsables : nos proches nous influencent-ils ?

Jourdain, V. & Ottaviani, F. (2023), Rapport d’enquête. Pratiques Ecologiques, Grenoble Ecole de Management-Grenoble Alpes Métropole-ADEME, mai 2023. 

2/3 des répondants déclarent encourager le changement de pratiques de leur famille proche. La moitié disent le faire pour leurs amis.

L’enquête « pratiques écologiques » a été passée auprès d’un panel représentatif de la métropole grenobloise entre avril et mai 2023. Les chercheurs se sont intéressés à ce qui influence le changement de comportements et notamment ce qu’on appelle la « socialisation » des comportements, c’est-à-dire le fait que nos pratiques, nos gestes, nos choix, sont imprégnés par « les autres ». A la fois nos proches mais aussi bien sûr les normes sociales, ce qui est valorisé par la société. Afin d’éclairer cette dimension, trois questions ont été posées : les deux premières éclairent les influences de proximité, avec nos proches et la 3ème la question de l’influence sociétale, à partir de l’exemple des marches pour le climat :

  • Question 28 : Vous arrive-t-il d’encourager des proches à prendre des habitudes de consommation pour lutter contre le changement climatique ? 
  • Question 29 : Vous arrive-t-il d’être encouragé par des proches à prendre des habitudes de consommation pour lutter contre le changement climatique ? 
  • Question 30 : avez-vous déjà participé à une « marche pour le climat » ?
La famille proche et les amis : principal cercle d’influence

 

 

 

 

 

 

 

 

En posant la question de l’influence, les enquêteurs ont cherché à identifier certains facteurs potentiels de diffusion des pratiques de consommation à travers l’entourage, et en particulier la famille.  68 % des répondants encouragent le changement de pratiques de leur famille proche. Ce chiffre est également élevé concernant le cercle amical, puisque 52 % des répondants diffusent ces pratiques auprès de leurs amis. 

Légende : 23 % des personnes interrogées encouragent souvent leur famille proche à prendre des

habitudes de consommation pour lutter contre le changement climatique.  

Si on considère la question inverse, par qui êtes-vous influencé, 46 % des répondants (en additionnant « oui souvent » et « oui parfois ») sont encouragés par leur famille proche à changer leurs habitudes. Ce sont ensuite les amis qui ont le plus d’influence est celui des amis, puis des collègues et enfin la famille élargie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légende : 11 % des personnes interrogées déclarent être souvent incitées par leur famille à prendre

d’autres habitudes de consommation pour lutter contre le changement climatique. 

 

 

On retrouve donc la même logique de proximité dans les pratiques d’influence, que l’on soit l’émetteur ou le récepteur de conseils environnementaux : le premier cercle est familial, le second amical.

Il semble « naturel » que la famille permette le plus ces relations de conseil, d’incitation, dans un espace sécurisé où il est sans doute plus simple, notamment dans une relation de parents/enfants, d’être prescripteur de comportements.

La place importante laissée au cercle des amis est à noter : on aurait pu s’attendre à plus de prévention à l’égard de discussions qui pourraient passer pour moralisatrices ou donneuses de leçon. Une majorité des répondants se sent donc en capacité et légitime pour diffuser un message sur les questions environnementales auprès de ses amis.

Enfin, s’ils n’arrivent qu’en troisième position, la place des collègues de travail est également notable : on repère ici que les conversations environnementales s’invitent au bureau et pas seulement sur un registre de la discussion, mais bien de l’invitation au changement. Le développement des stratégies RSE dans les entreprises y est sans doute pour beaucoup, invitant les salariés à interroger leurs pratiques personnelles en la matière.

 

 

Des seniors grenopolitains plus discrets sur le sujet, plus « influenceurs » que les seniors français… et, comme eux, principalement inspirés par leur famille proche.

 

 

Si l’on met l’accent sur les personnes de plus de 50 ans, on observe qu’elles sont moins enclines à encourager leurs proches à changer leurs pratiques. A contrario, les plus jeunes (moins de 35 ans) incitent plus aux changements de pratiques de leurs proches que les autres catégories d’âge. 

Légende : 50 % des répondants du questionnaire « Pratiques Ecologiques » de plus de 50 ans disent

ne jamais encourager des membres de leur famille élargie à prendre des habitudes de consommation

pour lutter contre le changement climatique.  

 

 

Les répondants grenopolitains de plus de 50 ans sont un peu plus enclins à encourager leurs proches à changer de comportements que les répondants du même âge de l’enquête de l’ADEME. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que l’ADEME se focalise uniquement sur le changement de comportement des plus de 50 ans à l’égard des plus jeunes. Dans l’enquête « Pratiques Ecologiques », la moitié des répondants de cette catégorie d’âge estiment encourager « parfois » ou « souvent » leur entourage (47 % auprès de la famille proche, 21 % auprès de la famille élargie).  

 

On observe les mêmes résultats dans le sens inverse : les seniors du territoire grenoblois s’estiment bien plus influencés par leurs proches que la moyenne des répondants français.    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légende : 51 % des répondants du questionnaire « Pratiques Ecologiques » de plus de 50 ans disent

être parfois encouragés par leur famille proche à prendre des habitudes de consommation pour lutter

contre le changement climatique.  

 

Sur le territoire de la métropole, ils sont nombreux parmi les plus de 50 ans à s’estimer « récepteurs » de recommandations ou d’encouragements à changer leurs pratiques de consommation. La famille proche est toujours le principal relais de ces injonctions, puisque 67 % des répondants de l’étude « Pratiques Ecologiques » et 51 % des répondants de l’enquête ADEME estiment en recevoir « parfois » ou « souvent » de la part de leur famille proche.

Les plus de 50 ans semblent davantage les récepteurs que les émetteurs des encouragements émis en termes d’habitudes de consommation. 

 

Mobilisation collective pour le climat : un mode d’expression de plus en plus « normal » surtout parmi les jeunes.

Si la problématisation des enjeux environnementaux passe par la transmission par les réseaux familiaux, amicaux et professionnels, elle peut également prendre la forme de mobilisations plus collectives, politiques (qui ne sont pas contradictoires avec les précédentes). On a ainsi cherché à savoir si les répondants de l’enquête avaient déjà participé à des « marches pour le climat ».  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légende : 7 % des personnes interrogées ont déjà participé plusieurs fois à une marche pour le climat. 

 

L’apparente faible proportion de participation doit être nuancée : en cumulé, 20 % des répondants de l’enquête déclarent avoir participé déjà au moins une fois à une marche pour le climat. Si l’on rapportait, avec précaution, ce chiffre à l’ensemble des habitants de la Métropole grenobloise, cela représenterait 90 000 (20 % de 446 000) individus environ !

L’enquête demandait également aux répondants s’ils comptaient y participer à l’avenir : 9 % se disaient certains, et 38 % « peut-être ».

Parmi ceux qui ont marché au moins une fois pour le climat, 48 % ont moins de 35 ans (alors qu’ils représentent 35 % de l’échantillon total) et seuls 13 % ont plus de 65 ans (22 % de l’échantillon). Une légère corrélation avec l’âge est donc observée, notamment sur les catégories les plus jeunes et les plus âgées. 

 

Pour tester la spécificité de l’enjeu climat dans les pratiques de mobilisation collective des répondants, on leur demandait également s’ils avaient déjà participé à des manifestations sur d’autres sujets. 32 % répondaient que oui. Si l’on croise ces deux données, on se rend compte que 78 % des personnes ayant participé à plusieurs marches pour le climat ont déjà participé à une autre manifestation¹ .  

Deux enseignements peuvent être tirés de ces résultats qui rejoignent la littérature déjà existante sur le sujet. D’une part, seule une partie de l’échantillon a déjà manifesté son attachement aux enjeux environnementaux à travers la mobilisation collective relative au climat. D’autre part, cette mobilisation est corrélée avec l’âge, avec le fait d’avoir participé à d’autres manifestations, d’être une femme et d’être diplômé².  

Pour se projeter vers le futur, il ressort de l’enquête que ce mode de mobilisation pourrait se développer. En effet, 50 % des répondants déclarent qu’ils participeront de manière certaine ou peut-être à une prochaine marche pour le climat. Evidemment, parmi ceux-ci, on retrouve une grande majorité de ceux qui ont déjà participé à la mobilisation. Mais aussi une part non négligeable (38%) pour qui ce serait la première mobilisation. Et même si on sait qu’il y a toujours un fossé entre la déclaration et le passage à l’acte, ce résultat indique une forme de « normalisation » de ce type d’expression collective : la marche pour le climat est considérée comme un comportement envisageable et prévisible.

 

 Légende : 10 % des personnes déclarent être certaines de participer à une prochaine marche pour le climat. 

 

 

 

 

 

 

 

 

¹ Le coefficient de corrélation entre ces deux variables est de 0,355 (Pearson).

² Ces résultats rejoignent en grande partie ceux présentés par Chloé Alexandre, Florent Gougou, Erwann Lecoeur et Simon Persico dans leur enquête nationale portant sur le mouvement climat (2021). Accessible à l’adresse : https://shs.hal.science/halshs-03342838/document

COMPARAISON avec ADEME « Représentations sociales du changement climatique » 2021 :

L’enquête ADEME comportait un volet dédié aux séniors, c’est-à-dire les individus âgés de 55 ans et plus. La question était « Vous arrive-t-il de chercher à convaincre des personnes des générations les plus jeunes (par exemple vos enfants ou vos petits-enfants) de prendre des habitudes de consommation qui contribuent à la lutte contre le changement climatique ? ». Quatre modalités de réponses étaient proposées : « oui, souvent », « oui, parfois », « non, rarement », « non, jamais ».  

Dans l’enquête « Pratiques Ecologiques », il n’y a pas de focus particulier sur les séniors. La question était posée à tous les participants. On demandait donc aux répondants de se prononcer sur quatre « types de proches » : la famille proche, la famille élargie, les amis et les collègues de travail. Par ailleurs, les modalités de réponses étaient plus précises : « oui souvent » correspondait à « régulièrement (une fois par semaine environ) », « oui parfois » à « de temps à autre (une fois par mois environ) », « non rarement » à « rarement (une fois par an environ) » et « jamais » à « jamais ». 

Nous avons isolé les catégories « séniors » de + de 50 ans parmi nos répondants.  

Pour comparer indirectement les deux questionnaires, les réponses portant sur la famille proche (qui inclut les enfants) et la famille élargie (qui inclut les petits enfants) ont été affichées.  

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Zoom méthodo : le baromètre des transitions

Le projet « Baromètre des transitions » est développé en coopération entre Grenoble Alpes Métropole, Grenoble Ecole de Management (GEM) et l’ADEME sur un horizon de trois ans. Le projet « Baromètre des transitions » vise à :   
- ​Enquêter de manière régulière auprès des habitants du territoire métropolitain grenoblois sur leurs représentations des enjeux environnementaux, leurs comportements, les leviers d’accompagnement au changement, la réception voire les effets des interventions métropolitaines dans ce domaine. 

- Dresser des profils qui permettent de mieux cibler le niveau attendu et les modalités d’un accompagnement au changement de pratiques ou comportements vers plus d’écoresponsabilité : typologies par âge/moments de vie, catégories socio-professionnelles/niveau de revenus, territoire/type d’habitat et mode de vie urbain ou rural… 

- Evaluer la réception, par les habitants, des dispositifs (offre de service public, aménagements, réglementation, campagne de communication, etc.) existants ou avant même leur mise en service, afin de tester leur recevabilité et les conditions de leur réussite, selon les profils.  
 

                                     

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La première enquête du Baromètre permet d’aborder de manière transversale les pratiques sociales en matière environnementale.              

Le projet « Baromètre des transitions » s’appuie sur un Panel de recherche territorialisé lancé en mai 2020 par GEM. Les participants sont des résidents des 49 communes de Grenoble Alpes Métropole invités à participer à des études en ligne régulières sur des sujets d’actualité liés au territoire. Une seule personne par foyer peut participer au Panel. Le Panel est régi par un conseil scientifique de professeurs de GEM qui valide le choix des études distribuées par le panel. Fondé sur le modèle d’autres panels de recherche, comme celui de l’Université d’Aarhus au Danemark, le panel permet à tout habitant de la Métropole de plus de 18 ans, non salarié(e) ou étudiant(e) de GEM, de s’inscrire sur une plateforme dédiée, et de recevoir régulièrement des invitations à participer à des études en ligne indemnisées.  

Chaque étude prend la forme d’un questionnaire à remplir en ligne, d’une durée de 30 minutes environ et d’une indemnisation à hauteur de 5€. 

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