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Inconfort dans le logement et capacité à faire des travaux : une équation à fort enjeu face au changement climatique

Jourdain, V. & Ottaviani, F. (2023), Rapport d’enquête. Pratiques Ecologiques, Grenoble Ecole de Management-Grenoble Alpes Métropole-ADEME, mai. 

2 habitants sur 5 ont trop chaud dans leur logement l’été

L’enquête « pratiques écologiques » a été passée auprès d’un panel représentatif de la métropole grenobloise entre avril et mai 2023. Parmi toute une série de questions sur les représentations et comportements, les habitants étaient interrogés sur leur perception dans la température dans leur logement, en hiver comme en été. Le résultat est sans appel : si les logements sont globalement confortables en hiver, les températures d’été les rendent peu agréables à vivre pour 2 habitants sur 5. En 2018, l’enquête IBEST posait déjà le même type de question… la situation s’est plutôt dégradée en été.

Légende : 87 % des habitants de la Métropole déclaraient dans l’enquête IBEST de 2018 avoir une température plutôt confortable dans leur logement. Ils sont 82,5 % à déclarer la même chose en 2022 ans l’enquête « Pratiques Ecologiques ». 

Pour les deux enquêtes, les enquêtés semblent plus incommodés par la chaleur en été que par le froid en hiver. Dans le détail, on précisera que ce sont en fait 33 % qui déclarent avoir un logement « peu confortable » et 8 % un logement « pas du tout confortable » en été. L’inconfort relatif à la température du logement est légèrement plus marqué dans l’enquête « Pratiques Ecologiques »¹ . Les chaleurs importantes qui ont touché Grenoble et son agglomération l’été entre 2018 et 2021 semblent avoir accru l’inconfort des habitants.  

En hiver, la température moyenne déclarée (autre question) est de 19,9°C, et la médiane est à 20°C. 10 % des logements indiquent une température inférieure à 18°C, et 10 % indiquent une température supérieure à 22°C.  

Sur la différence entre hiver et été, on précisera que le coefficient de corrélation entre les deux questions au sein de l’enquête « Pratiques Ecologiques » atteint seulement 0,203. Autrement dit, les ressentis en hiver et en été ne sont que légèrement corrélés, ce qui indique des typologies de logement et des stratégies d’adaptation spécifiques pour répondre aux deux enjeux.

De l’inconfort aux travaux dans le logement, il n’y a qu’un pas

Question 20 : Considérez-vous qu'un ou plusieurs des travaux suivants sont nécessaires dans le logement que vous occupez actuellement ? Si oui, lesquels ? 

La part des répondants qui estiment avoir au moins un besoin de travaux est semblable dans les deux enquêtes (64-65 %).  

Légende : 28 % des répondants de l’enquête « Pratiques Ecologiques » considèrent que leur logement n’a pas besoin de travaux. 

Les faibles différences de pourcentages entre le questionnaire ADEME national et l’enquête « Pratiques Ecologiques » montrent bien que l’enjeu du besoin de travaux de rénovation énergétique est partagé en France. Quasiment 2/3 des répondants estiment ainsi avoir au moins un besoin de rénovation.   

Aussi, on peut tenter de comprendre l’émergence des besoins en comparant ces derniers avec les ressentis exprimés quant à la température des logements en été et en hiver dans le questionnaire « Pratiques Ecologiques ».   

Légende : 41 % de ceux qui vivent dans un logement où ils éprouvent un confort thermique en été considèrent que certains travaux sont nécessaires chez eux. 

Légende : 55 % de ceux qui vivent dans un logement où ils éprouvent un confort thermique en hiver considèrent qu’ils n’ont pas besoin de réaliser des travaux dans leur logement. 

Sans surprise, on peut constater que ces besoins en travaux exprimés sont corrélés au confort ressenti vis-à-vis de la température en hiver et en été dans le logement. Par exemple, 59 % des répondants estimant leur logement très confortable en été et 55 % de ceux qui l’estiment très confortable en hiver ne déclarent pas de besoin de rénovation. A l’inverse, 86 % de ceux qui estiment leur logement « pas du tout » confortable en été, et 94 % de ceux qui l’estiment « pas du tout » confortable en hiver expriment au moins un besoin de rénovation. 

Dans le détail, voici les types de travaux mentionnés²: 

 

 

Légende : 19 % des répondants au Baromètre ADEME 2021, et 16 % des répondants au questionnaire « Pratiques Ecologiques », disent nécessiter une isolation de leur toiture et des combles de leur logement. Les pourcentages sont arrondis, raison pour laquelle certaines barres sont différentes pour un même nombre. Légende : 19 % des répondants au Baromètre ADEME 2021, et 16 % des répondants au questionnaire « Pratiques Ecologiques », disent nécessiter une isolation de leur toiture et des combles de leur logement. Les pourcentages sont arrondis, raison pour laquelle certaines barres sont différentes pour un même nombre. 

L’isolation des murs donnant sur l’extérieur représente plus d’un quart des réponses, 6 points devant la moyenne nationale du Baromètre ADEME. On peut faire l’hypothèse que cette différence s’explique par la spécificité du parc de logement grenoblois. Les travaux d’isolation thermique au sens large (c’est-à-dire incluant le changement de fenêtres) représentent quasiment 2/3 des réponses (63 %). En reliant ce résultat au confort thermique exprimé par les répondants, mais aussi aux études nationales portant sur la faible qualité de l’isolation thermique, on comprend que l’enjeu reste central pour les habitants, tant du point de vue de leur confort que de leur situation économique.  

Des travaux nécessaires… mais pas toujours réalisables

Question 21 : Avez-vous l’intention de faire réaliser ces travaux ? 

Cette question vise à comprendre la propension des répondants à agir sur leurs conditions matérielles de vie, étant donné qu’ils se disent insatisfaits, ou au moins demandeurs de travaux de rénovation thermique.  

Légende : 21 % des répondants de l’étude « Pratiques Ecologiques » disent avoir l’intention de réaliser les travaux de rénovation qu’ils estiment nécessaires pour leur logement. 

 

On peut noter qu’une forte proportion de répondants de l’enquête « Pratiques Ecologiques » sont dans une situation d’incertitude (28 %). Ce chiffre peut éclairer la faible proportion d’individus déclarant avoir l’intention de procéder à ces travaux (21 %). On peut se pencher sur les raisons avancées.  

Question 22 : Si non, pourquoi ? 

Si les individus répondaient « non » à la précédente question, une liste de raisons leur était proposée. Les questions sont identiques dans les deux enquêtes. Les pourcentages absolus (réponses multiples) sont ramenés à 100 pour donner des pourcentages relatifs.  

 

Légende : 18 % des répondants du Baromètre ADEME 2021, contre 11 % des répondants du questionnaire « Pratiques Ecologiques », disent ne pas avoir l’intention de réaliser des travaux de rénovation pour des raisons de manque d’argent.  

On constate ici que le fait d’être locataire est nettement plus mis en avant dans l’enquête « Pratiques Ecologiques », conjointement avec le fait d’habiter dans une copropriété. A elles deux, ces réponses fournissent près de 2/3 (67 %) des raisons avancées pour la non-réalisation de travaux de rénovation. On comprend que l’enjeu, avant d’être financier, culturel ou dépendant des convictions des individus, est d’abord celui de la capacité concrète des individus à agir sur leur propre logement.  

D’ailleurs, si l’on compare cette intention déclarée de réaliser des travaux, et les ressentis vis-à-vis de la température du logement en été ou en hiver, on trouve une corrélation inverse : les individus estimant la température « très confortable » ou « plutôt confortable » en été ou en hiver sont plus nombreux à déclarer avoir l’intention de réaliser des travaux de rénovation que les autres. 

Pour accéder à l’intégralité du rapport : https://recherche.grenoble-em.com/sites/default/files/public/kcfinder/rapport_pratiques_ecologiques-vf.pdf

 

¹ Alors que ceux-ci n’avaient pas connus l’épisode des très fortes chaleurs de l’été 2022, ni la crise énergétique de l’automne 2022.

² Les pourcentages absolus (réponses multiples) ont été ramenés sur 100.

confort en température du logement.png

COMPARAISON avec le Baromètre ADEME (2021).  

La question est identique dans les deux questionnaires, à l’exception d’une modalité de réponse ajoutée dans l’étude « Pratiques Ecologiques », à savoir la catégorie « Autres », qui permettait aux répondants de préciser d’autres travaux qui n’auraient pas été mentionnés

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besoin de realiser des travaux en hiver.png
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Zoom méthodo : le baromètre des transitions

Le projet « Baromètre des transitions » est développé en coopération entre Grenoble Alpes Métropole, Grenoble Ecole de Management (GEM) et l’ADEME sur un horizon de trois ans. Le projet « Baromètre des transitions » vise à :   
- ​Enquêter de manière régulière auprès des habitants du territoire métropolitain grenoblois sur leurs représentations des enjeux environnementaux, leurs comportements, les leviers d’accompagnement au changement, la réception voire les effets des interventions métropolitaines dans ce domaine. 

- Dresser des profils qui permettent de mieux cibler le niveau attendu et les modalités d’un accompagnement au changement de pratiques ou comportements vers plus d’écoresponsabilité : typologies par âge/moments de vie, catégories socio-professionnelles/niveau de revenus, territoire/type d’habitat et mode de vie urbain ou rural… 

- Evaluer la réception, par les habitants, des dispositifs (offre de service public, aménagements, réglementation, campagne de communication, etc.) existants ou avant même leur mise en service, afin de tester leur recevabilité et les conditions de leur réussite, selon les profils.  
 

                                     

pratiques éco.png

La première enquête du Baromètre permet d’aborder de manière transversale les pratiques sociales en matière environnementale.              

Le projet « Baromètre des transitions » s’appuie sur un Panel de recherche territorialisé lancé en mai 2020 par GEM. Les participants sont des résidents des 49 communes de Grenoble Alpes Métropole invités à participer à des études en ligne régulières sur des sujets d’actualité liés au territoire. Une seule personne par foyer peut participer au Panel. Le Panel est régi par un conseil scientifique de professeurs de GEM qui valide le choix des études distribuées par le panel. Fondé sur le modèle d’autres panels de recherche, comme celui de l’Université d’Aarhus au Danemark, le panel permet à tout habitant de la Métropole de plus de 18 ans, non salarié(e) ou étudiant(e) de GEM, de s’inscrire sur une plateforme dédiée, et de recevoir régulièrement des invitations à participer à des études en ligne indemnisées.  

Chaque étude prend la forme d’un questionnaire à remplir en ligne, d’une durée de 30 minutes environ et d’une indemnisation à hauteur de 5€. 

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