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Les familles plus vulnérables financièrement ?

Des dépenses contraintes qui pèsent plus fortement pour les foyers les plus pauvres

 

Les territoires ruraux ou périurbains ne sont pour autant pas épargnés, en particulier lorsque sont intégrées les conditions de vie des familles et les privations qu’elles subissent. En intégrant les coûts de la vie - qui dépendent du lieu de résidence (le coût du loyer et des charges varie selon les territoires, tout comme les déplacements qu’il implique) et de la configuration familiale (avoir des enfants implique des coûts supplémentaires), le niveau de vie des ménages peut fortement varier. La pauvreté en condition de vie (qui est mesurée par un ensemble d’indicateurs concrets de privations) intègre donc la notion de dépenses, et notamment la notion de dépenses contraintes, comme les dépenses pré-engagées (dépenses engagées par contrat et difficilement renégociables à court terme : assurances, abonnements téléphone et Internet, loyers…), mais également les dépenses nécessaires, comme l’alimentation. L’incapacité à couvrir certaines dépenses conduit à des privations. La précarité alimentaire s’est renforcée avec la crise inflationniste et a des répercussions fortes sur les familles pour qui fournir une alimentation suffisante et de qualité à leurs enfants est prioritaire.

 

« Avant, c’était stable on y arrivait c’était... Voilà, mais au jour d’aujourd’hui, avec tout ce qu’on doit dépenser pour les logements, pour la voiture, pour voilà… l’eau, l’électricité, les loyers. On avait fait un calcul entre mon salaire, ce que je touchais et puis ce que je devais dépenser, il y avait pratiquement 1150 € qui partaient juste en frais ».

 

Avant d’aller aux Restos du cœur, il explique avoir repoussé le moment d’y aller et avoir cherché à « tenir », notamment avec des restrictions alimentaires : « c’est plus de ce côté-là où je laissais plus pour mes enfants. Et moi et ma femme on faisait du grignotage » Franck 32 ans, marié et 2 enfants. Au chômage depuis 2 mois – A recours à la distribution alimentaire des restos du cœur depuis peu.

 

Les mauvaises conditions d’habitat, une réalité du mal-logement pesant sur les enfants

 

 

Le maintien dans le logement est un défi pour les familles avec enfant en situation de précarité. Le logement représente le premier poste de dépenses pour les ménages modestes, contre le quatrième pour les plus aisés³. Le taux d’effort (rapport entre la somme des dépenses liées à l’habitation et les revenus des ménages) pour un homme seul est de 22% alors que celui des familles monoparentales est de 31 %⁴ . Les conséquences d’un taux d’effort élevé peuvent être très préjudiciables, en particulier lorsque les difficultés de paiement des loyers et des charges supposent des risques d’expulsion.

 

La précarité énergétique constitue aussi un enjeu important pour les familles. Selon la loi Grenelle (2010) : « Est en situation de précarité énergétique [...] une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ». Limités par un revenu unique et insuffisant pour subvenir aux besoins du ménage en énergie, les jeunes de moins de 30 ans et les familles monoparentales ont plus de difficultés à régler leurs factures énergétiques. 25 % des familles monoparentales sont exposées à la précarité énergétique alors que ce taux chute à 2% lorsque le ménage est composé d’un couple et à 6 % pour les couples avec enfants⁵ . La période inflationniste récente, qui s’est traduite entre autres par une hausse des prix de l’énergie, a amplifié les difficultés des ménages à payer leurs factures énergétiques. 

 

La précarité énergétique présente des effets importants sur la santé des enfants (maladies respiratoires, rhumatismes, troubles du sommeil, dépression et anxiété), surtout lorsqu’ils sont très jeunes⁶ .

 

Une pauvreté ressentie plus marquée pour les familles

 

Un décalage existe aussi entre l’ensemble des personnes considérées pauvres d’un point de vue monétaire ou en conditions de vie et le sentiment subjectif de pauvreté au sein de la société française​⁷ , constats partagés en Isère8. Ainsi, 36 % des Isérois qui vivent sous le seuil de pauvreté n’expriment pas de soucis financiers (cf. graphique ci-dessous). Sur le département, le fait de ressentir des soucis financiers croît avec l’âge jusqu’à la quarantaine : cinq quadragénaires sur dix sont concernés. Ce pic autour de la quarantaine s’explique par les contraintes financières qui pèsent fréquemment sur cette classe d’âge, telles que les enfants à charge, éventuellement cumulées à des remboursements de prêts immobiliers ou un loyer élevé.

« JE PAYE MES FACTURES, MAIS BON C’EST MANGER,

C’EST PAS POSSIBLE QUOI.

MOI JE SAUTE UN REPAS LE MIDI

[POUR PERMETTRE AUX ENFANTS DE MANGER] »

 

Marie, 44 ans, 2 enfants à charge. Aide à domicile en CDI.

Source : Extraits de l’étude « L’insécurité sociale en milieu rural en Isère » - Département de l’Isère – 2023

ressenti pauvreté.JPG

​³ Insee, « Les ménages les plus modestes dépensent davantage pour leur logement et les plus aisés pour les transports » - septembre 2020 4 Insee, enquête Logement 2013 5 Insee, 2015

⁴ Insee, enquête Logement 2013

⁵ Insee, 2015

ONPE, Santé et précarité énergétique, 2019  

⁷ Nicolas Duvoux, Adrien Papuchon, «Qui se sent pauvre en France ? Pauvreté subjective et insécurité sociale», Revue française de sociologie, 2018/4

⁸ isérois sur 10 ressentent des soucis financier 1 an après la crise sanitaire– Insee 2023 - Epicov

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