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Controverse
Faire face au changement climatique : efficacité ou sobriété ?

La controverse oppose ici ceux qui ont foi dans la technologie pour trouver une solution au défi du changement climatique à ceux qui prônent une transformation profonde de nos manières de vivre. Cette controverse est très structurante des choix d’intervention face à la crise climatique.
La voiture est une belle illustration de cette tension. Si la voiture demeure aujourd’hui un mode de transport indispensable, notamment pour les territoires isolés, les constructeurs automobiles ont d’ores et déjà intégré les enjeux de demain. La voiture qui roule à l’eau (salée !) fonctionne déjà et le marché des technologies automobiles vertes est en plein essor… Les véhicules électriques ou hybrides voient leur part de marché augmenter d’année en année. Cette technologie « verte » implique toutefois des conséquences environnementales et sociales quant à l’utilisation des matières premières.
Les partisans de la transformation des comportements militent donc pour une mobilité fondée sur des modes « décarbonés » comme la marche ou le vélo. Cette option n’est possible qu’à condition d’une densification des villes afin de rapprocher les lieux d’habitat, d’emploi et de consommation. Parfaite illustration de la nécessaire imbrication de choix individuels (lieu d’habitation, modes de transports et de consommation) et politiques publiques (aménagement et urbanisme).

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Controverse liée : lutte contre le changement climatique ou adaptation ?

Le premier plan climat de la Métropole évoquait la lutte contre le changement climatique, la question de l’adaptation étant à peine évoquée.

ADAPTATION


L’adaptation consiste à « ajuster des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques réels ou prévus et à leurs effets, afin d'atténuer les effets néfastes ou d'exploiter des opportunités bénéfiques ».

Lors de son actualisation en 2016, le volet « adaptation » s’est étoffé. On n’y évoque plus seulement les économies d’énergies mais également le traitement des îlots de chaleur urbains, la végétalisation, l’isolation thermique des bâtiments. Cette montée en puissance traduit-elle une résignation ou un pragmatisme ? Les rapports successifs des experts du GIEC, la fonte des glaciers alpins, autant que l’expérience récurrente désormais vécue à Grenoble de canicules estivales incitent à revisiter la polémique.

Avons-nous d’autre choix que de concilier atténuation et adaptation, efficacité et sobriété ?

En France, les températures moyennes se sont élevées de 1,7°C depuis le début du siècle, Grenoble étant placé à la limite supérieure de cette hausse. Par conséquent, la question n’est plus de savoir s’il faut prioriser l’adaptation au changement climatique ou son atténuation, mais bien de faire les deux. Sans efforts conséquents de réduction des émissions, l’adaptation sera de plus en plus difficile et coûteuse. De plus, en raison de l’inertie, « la plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont arrêtées » (source : GIEC, AR5, 2014).
Il s’agit donc de combiner court et long terme. A court terme, dans la Métropole, cela suppose des adaptations des espaces urbains denses où les effets des vagues de chaleurs sont les plus forts. Dans les espaces ruraux, cela concerne les grandes cultures de plaine qui vont devoir affronter de plus en plus souvent des périodes de sécheresse prolongée, des changements de pratiques pastorales, ou encore la délocalisation des cultures. En termes d’habitat, les savoir-faire professionnels vont également dans ce sens : le référentiel métropolitain « climat et urbanisme », appliqué dans les nouvelles constructions, réfléchit aux orientations des appartements pour préserver la chaleur estivale, ou encore à la végétalisation.
Mais tous les scénarios qui se contentent d’adaptation conduisent au « collapse », à l’effondrement. Ils imposent donc d’engager un véritable changement systémique pour « inverser le cours du réchauffement planétaire » d’ici 2050 (Drawdown de Paul Hawken). Des solutions existent : elles nécessitent une approche systémique combinant l’action des acteurs publics, privés et citoyens, aux différentes échelles. Les Plans air-énergie-climat nouvelle génération s’inscrivent dans cette dynamique.
Les actions de réduction des émissions et d’adaptation aux impacts du changement climatique sont convergentes. Elles génèrent des co-bénéfices qui permettent d’accélérer la transition énergétique. L’avènement des écocomportements (covoiturage, modes actifs de déplacement, tris des déchets, choix de consommation…) joue un rôle de levier pour l’ensemble de la société. En termes macroéconomiques, ces cobénéfices permettront aux territoires de sortir du modèle de développement intensif en carbone.
Efficacité et sobriété : la combinaison est indispensable car le défi qui se pose à nous est le rythme de nos changements face à la rapidité du changement climatique.

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