Faire ses courses, entre habitudes et nouvelles aspirations
- Caroline Leroy
- 24 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 avr.
Si la grande distribution reste le canal d’achat alimentaire nettement préféré en Isère, les enquêtes consommation de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Grenoble montrent un retour aux achats de proximité, tandis que le commerce de centre-ville se stabilise. Malgré leurs contraintes budgétaires, les habitants de la région grenobloise portent une attention croissante aux critères environnementaux des produits.
Se faciliter la vie, premier motif de choix du lieu d’achat
La proximité du lieu de vie est le premier critère évoqué dans le choix du lieu de consommation. Puis viennent l’accessibilité en voiture ainsi que la diversité de l’offre et des aménités urbaines.

Lorsque l’on zoome sur les magasins c’est, sans surprise, le prix qui reste un critère déterminant pour deux tiers des consommateurs, même si c’est un peu moins vrai pour la tranche des 18-35 ans. Il est suivi de près par la diversité des produits proposés et la qualité de l’accueil des commerçants.

Si les ménages métropolitains fréquentent principalement les grandes surfaces, les commerces alternatifs à la grande distribution ne sont pas en reste : boulangeries, petites et moyennes surfaces, marchés, commerces « engagés » (magasins bio ou de vrac) et commerces traditionnels de bouche sont également spontanément cités (V. Jourdain et F. Ottaviani, 2023).
Grande distribution, zones commerciales : un modèle qui perdure
La grande distribution accentue toutefois son avance lorsque l’on regarde les dépenses effectuées dans les différents commerces alimentaires. Au-delà d’être les plus régulièrement fréquentées par les habitants pour l’alimentation, les grandes et moyennes surfaces captent en effet la plus grande part (72 %) de leurs dépenses alimentaires, quand le commerce indépendant atteint seulement 18 % (CCI de Grenoble, 2023). Après plusieurs décennies, la tendance de la grande distribution à capter de plus en plus de parts du marché alimentaire au détriment du petit commerce semble se stabiliser depuis 2017. Avec 7 % d’emprise, le hard discount est apprécié des foyers les plus précaires, tandis que le drive pour l’alimentaire plafonne à 2 %. Les zones commerciales représentent 26 % des dépenses alimentaires de l’Y grenoblois. Elles sont surtout plébiscitées par les jeunes ménages de moins de 35 ans ainsi que par les professions intermédiaires et les employés. Les cadres, les personnes vivant seules et les retraités s’y rendent moins que la moyenne et privilégient le petit commerce.
Un regain d’intérêt pour la proximité
La CCI de Grenoble, à l’instar des autres CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes, observe depuis 2012 un recentrage des dépenses alimentaires autour des lieux de résidence. A contrario, les très gros formats (hypermarchés) en zone commerciale attirent moins, avec une perte de 7 points d’emprise sur la même période. Les ménages semblent avoir moins tendance à faire « un gros plein » pour toute la semaine et fractionner davantage leurs courses dans de plus petits commerces, notamment les supermarchés de moindre taille. La grande distribution reste toutefois incontournable pour l’épicerie avec 88 % de part de marché. C’est pour les produits frais que le petit commerce tire son épingle du jeu. Avec 23 % d’emprise sur le marché alimentaire, contre 64 % pour la grande distribution et 10 % pour le commerce non sédentaire (marchés et halles), cette offre maintient ses ventes depuis dix ans.
Vers une consommation plus responsable et durable ?

Les ménages de la région grenobloise déclarent faire évoluer leurs achats en faveur d’une consommation plus durable, avec un engagement légèrement plus prononcé que dans le reste de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour certaines pratiques. Parmi les ménages de l’aire grenobloise :
8 sur 10 consomment des produits biologiques, la moitié privilégient régulièrement le bio. Les produits locaux sont encore plus répandus : 9 ménages sur 10 en consomment ;
un tiers déclare consommer davantage bio qu’il y a trois ans (27 % en Aura), 60 % davantage de produits locaux ;*
25 % portent une attention plus forte qu’avant à l’impact de leur consommation sur l’environnement (19 % en Aura) ;
près de 40 % achètent davantage dans les commerces de proximité ;
30 % déclarent moins consommer qu’avant

Des ménages prêts à faire évoluer leurs modes de consommation
Seuls 8 % des répondants indiquent ne pas être prêts à changer leurs modes de consommation. La sensibilité à la transition écologique semble de plus en plus importante, particulièrement chez les jeunes, bien que paradoxalement les 18-35 ans recourent plus aux achats par internet et à la livraison. La consommation locale et, dans une moindre mesure, les produits issus de l’agriculture biologique apparaissent comme deux tendances fortes du marché alimentaire, de même que l’ouverture vers une forme de déconsommation.