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Florent Cholat

doctorant en géographie et sociologie urbaine au LabEx ITeM à l’UMR Pacte CNRS 5194 - Univ. Grenoble Alpes - et au Département de sociologie et recherche sociale - Univ. Milano Bicocca.

Perte d’autonomie et territoires : le paradoxe des mobilités inversées

Notre vie quotidienne est faite de mobilités. Qu’importe le mode, nous nous déplaçons de plus en plus pour faire des rencontres, nous alimenter, travailler, ou encore nous divertir. Chaque individu a une pratique de mobilité qui dépend de ses capacités à utiliser les moyens de déplacement (en fonction de ses facultés physiques, de ses connaissances ou encore, de ses ressources financières) : c’est ce qu’on appelle la motilité. « La motilité peut être définie comme la manière dont un individu ou un groupe fait sien le champ du possible en matière de mobilité et en fait usage pour développer des projets. » (Kaufmann, Jemelin, 2004).


Au cours de la vie, de nombreux facteurs influencent notre potentiel de mobilité de manière positive (apprentissage de la marche, du vélo, obtention du permis de conduire, etc.) ou négative, comme la perte d’autonomie fonctionnelle, la précarité économique... Les plus âgés sont fortement touchés par cette perte de potentiel de mobilité, notamment car l’avancée en âge peut correspondre à un déclin fonctionnel, cognitif, et à une vulnérabilité économique accrue.
Le paradoxe est que moins une personne peut se déplacer, plus elle a besoin de mobilités inversées, c’est-à-dire des mobilités de biens, de services et de personnels pour compenser sa perte d’autonomie. Ces mobilités inversées ont un impact social, économique, culturel et environnemental sur les territoires urbains comme ruraux, et l’on peut s’interroger sur leur durabilité à moyen et long terme. Elles posent la question du maintien à domicile des populations les plus fragiles, de la qualité des services d’aides et du bien-être des aînés. Plus largement, elles posent la question de la logistique urbaine et de l’organisation spatiale des mobilités des biens et services sur le territoire.


Se pencher sur les mobilités inversées en faveur des individus dépendants n’empêche pas de réfléchir plus largement aux moyens d’approvisionnement, de socialisation et d’organisation des services de la ville de demain. Acheter un livre sur internet ou chez un commerçant de la métropole grenobloise ne s’appuie ni sur les mêmes logiques individuelles ni sur les mêmes ressources territoriales.

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